Yak Rivais, Critique d’art
Exposition à la SEMA en 2007
Milo Dias, céramiste caricaturiste, se tourne vers la nature. Il récupère des bois flottés, des racines. Il en fait des oiseaux. Pense-t-il à Chaval (« Les oiseaux sont des cons »), à César (sur patins à roulettes), à Quentin Garel et ses becs monumentaux ?
C’est, à travers la dérision légitimée, l’éphémère qu’il traque dans les épaves usées. Entre fascination pour des volumes aptes à déséquilibrer les certitudes, et tentation de donner du sens au risque d’affaiblir l’incipit, Milo Dias négocie. Mettre de l’ordre solliciterait les logiques consommées de l’art, ouvrirait une fausse porte de sortie. Il faut éviter l’anecdote. Les « drôles d’oiseaux » sont des sculptures d’abord et des machines à rêve.
Quelques-unes sont en bronze. Conscience de la fragilité des œuvres ? Volonté de mandater les potentialités de la méditation dans un matériau noble ? Par jeu de confrontation, comme on frappe deux silex, l’étincelle jaillit. « Pour faire le portrait d’un oiseau », Milo Dias applique la recette de Prévert, sans avoir besoin de cage : il suffit de fermer les yeux. « Je crois que tu auras de la peine à me reconnaître, écrivait Erik Satie à un ami : j’ai laissé pousser mes paupières ».